La relation à l'argent

Je voulais vous soumettre un sujet de réflexion un peu épineux : la relation à l'argent.

C'est une des relations intimes les plus conflictuelles, il n'y a qu'à voir les dictons : l'argent c'est le nerf de la guerre, on ne prête qu'aux riches, l'argent ne fait pas le bonheur...

Bon, il y a aussi l'argent, ça va, ça vient, et quand ca vient, ça va (Smaïn) !

Depuis Ethique à Nicomaque, d'Aristote, nous avons une définition claire du rôle de la monnaie : un média qui sert d'échange entre des personnes.
L'argent, qui était jusqu'à la fin des années 60 essentiellement à caractère fiducière (pièces et billets), s'est transformé en monnaie électronique (les transactions par cartes bancaires sont plus nombreuses maintenant que les transactions par chèque). Mais au fond, la révolution électronique a t'elle changé notre comportement face à l'argent ?

En fin de compte, la monnaie est un média, un instrument d'échange de biens et de services. L'échange ne peut se faire que s'il y a un échange. S'il y a un échange, c'est qu'il y a d'une part un besoin, et de l'autre, un autre besoin différent. L'argent sert de véhicule d'échange réciproques de besoins.

Selon Maslow, il existe 5 catégories de besoins : besoins physiologiques, sécurité, appartenance, estime de soi et réalisation de soi. Plus les besoins sont assouvis, plus on est heureux. Et là, nous tombons dans un paradoxe : le besoin le plus élevé (réalisation de soi), s'il est de l'ordre du spirituel, et bien nous n'avons besoin que du stricte nécessaire pour se réaliser : un peu de confort de vie, des moyens de communications...
Par contre, pour combler le besoin physiologique (manger, boire, dormir, se reproduire), nous avons besoin d'échanger quotidiennement. Ensuite, c'est sans doute là où il y a le plus d'argent, c'est dans les besoins de sécurité (pour la classe moyenne) et d'appartenance (industrie du luxe, surconsommation...). Et confondre ses besoins d'appartenance avec celui d'estime de soi, et bien nous arrivons à l'origine de bien des cas de surendettement...

Maintenant, si nous regardons comment nous employons notre argent, en 2012, comment pourrions nous la caractériser ?
Le poste principal : l'alimentaire et le logement : besoin physio...
Ensuite, les impôts : pour maintenir le système en place
Se déplacer : appartenance, voire estime de soi, parfois sécurité
L'eau, les énergies : physio...
l'habillement, les équipements électroménagers : de physio à appartenance
Les loisirs : appartenance à estime de soi
Services de communication : tous les besoins...

L'industrialisation de la plupart des postes de dépenses a créé de profonds bouleversements : agriculture intensive, exploitation des ressources au delà des limites de notre chère Gaïa, la terre... sur équipements de voitures, réseaux saturés, des gâchis et des déchets énormes dans tous les domaines. Chaque besoin correspond à des marchés : consommer est devenu pour certains une marque d'estime de soi.

Pour Platon, l'argent ne doit pas s'empiler, mais bien s'échanger. Pour Aristote idem (La Politique 1). depuis le XVIIIe siècle, nous avons créé un outil de consommation différée dans le temps : l'épargne. C'est un outil qui permet l'investissement, mais aussi peut permettre d'empiler des richesses, qui et devenu une traduction de notre force de vie : je consomme = je suis vivant. Trop d'épargne ralentit la consommation.

D'un autre coté, la création des banques, et surtout pour le marché des particuliers, nous avons mis en place des accélérateurs de consommation, avec le crédit, à plus ou moins longue échéance.
L'utilisation massive de l'endettement a fait perdre beaucoup de pouvoir d'achat, et nous l'avons vu en 2007 avec la crise des subprimes, que les américains étaient endettés à 150 % du produit intérieur brut (PIB, la production de richesse du pays). Un pays fortement endetté n'a pas les moyens de rebondir, faire face à une crise.

Finalement, nous constatons que l'argent est assez représentatif de l'activité humaine : je dépense trop = besoins à combler. J'épargne trop ou mal = besoin de sécurité.
Et si nous regardons nos désirs, c'est l'inverse : avoir une bonne fluidité pour faire circuler les énergies... Donc, pour conclure, plus nous utilisons l'argent avec sagesse, moins il y a de crises !

Nous sommes les créateurs du monde dans lequel nous vivons. C’est notre propre esprit qui a créé le monde qui nous entoure. Si le monde dans lequel nous vivons nous semble insatisfaisant voir hostile, c’est parce que nous avons oublié cette vérité.

J’ajoute que si il est possible de comprendre intellectuellement en un instant que c’est notre esprit qui créé le monde dans lequel nous sommes, il faut en général plusieurs années pour intégrer cette pensée.

A propos de notre relation à l'argent, j'avais d'ailleurs un post aussi qui se trouve là : https://devantsoi.forumgratuit.org/t440-qu-est-ce-que-l-argent#3091

Il est temps que nous changions de regard sur les choses

Tout à fait !

Je viens de voir les coms sur le sujet... Des idées intéressantes !

si l'on s'en tient au terme Krisis (jugement, décision), c'est sans doute que nous avons collectivement à revoir notre vision par rapport à l'argent et à la consommation.

J'aime cette idée de Platon qu'il existe une sorte d'âme collective. L'esprit collectif s'est engouffré dans un système non durable pour faire ressortir les prises de consciences...
A ceux qui voient et comprennent de faire en sorte que cet esprit collectif reparte sur le bon chemin. Pas facile quand on sait que derrière, c'est quand même la force de vie qui est là !

Hannah Arendt, dans la Crise de la Culture, parle elle des causes de la crise : nous avons rompu la tradition au XIXe siècle, par Marx, et Nietzche, qui ont poussé trop loin les concepts créés dans l'antiquité. Je suis pas loin de penser comme elle

L'argent est un média qui révèle pas mal de choses dans les systèmes humains. Je me demande si finalement, ça ne serait pas un moyen de faire accéder certaines personnes au développement personnel...

J'ai vu hier au salon Zen une coach qui a fait son activité dessus... L'idée fait son chemin...

J'aime bien considérer l'argent comme des globules rouges du sang, et que nous les gens, on est comme des cellules. Pour que tout l'ensemble, la societé humaine / corps fonctionne bien, il faut que le sang circule bien, donc que l'argent / sang passe dans toutes les cellules.
une personne cellule qui stocke trop de sang argent ne peut que devenir malade tout comme une personne cellule qui ne recoit aucun sang argent...

Pendant de nombreuses années, les Amérindiens d’Amérique du Nord confectionnèrent des ornements en os, en coquillages et en pierres. Les Européens leur firent connaître les objets de parure en laiton, en cuivre et en argent. Les négociants français en pelleterie apprirent bientôt que les Amérindiens étaient très heureux de troquer leurs fourrures contre des bijoux en métal, en argent surtout.

Ce que l’on vient à qualifier "d’argent indien" ou "d’argent métallique indien" donna alors lieu à un commerce très lucratif. Les pelletiers anglais, suivis par les commerçants américains, ne tardèrent pas à imiter leurs concurrents français ; aussi l’argent métallique indien joue-t-il un rôle important dans le commerce des fourrures, de la seconde moitié du XVIIIème siècle à la première moitié du XIXè. Parmi les ornements d’argent, mentionnons des bagues, des boucles d’oreilles, des bandeaux, des bracelets, des broches et des pendentifs.

Certains étaient fabriqués en France et en Angleterre, mais la plupart étaient l’œuvre d’orfèvres du Québec, de la Nouvelle-écosse, des états de New York et de Pennsylvanie. Avec le temps, ces divers ornements acquirent une valeur d’échange relativement stable. Une broche ronde en argent de la taille d’un shilling valait un shilling, tandis qu’une autre, plus grosse, de la dimension d’un dollar d’argent était considérée comme l’équivalent d’une piastre Espagnole. Un pendentif à motif de castor d’environ 1,5 pouce de long s’échangeait contre une peau de cet animal, il en fallait dix pour un gros castor en argent, semblable à celui de 2 pouces sur 5.

Oui,
J'ai eu la chance d'aller pendant presque 2 mois au Québec.
Les échanges entre français et "locaux" se sont faits assez naturellement :
la tribu des micmacs s'est liée aux basques, afin de collaborer sur le savoir des techniques de pèches, pour n'en faire plus qu'une.
Les Assipit et les Inuits pratiquaient les échanges d'objets en os, puis effectivement en argent et aussi en bronze.
Enfin, il y a les accadiens, "tribu" métissée de français, de Sioux et d'Iroquois. Ils vivaient en communauté de la cueillette, la chasse et la pèche. L'intégration est vraiment un modèle, car il y a eu des échanges très riches, et à l'époque, cette expérience "à la française" faisait désordre dans le business model à l'anglaise... Du coup, les anglais sont venus sur le territoire, et au lieu de s'intégrer, ils ont massacré au nom de la liberté plus de 6 000 âmes...
A Montréal et je crois à Tremblay, il existe maintenant des mémoriaux à la mémoire de ce peuple. Cela ne fait pas très longtemps, mais les québécois ont été les premiers sur le continent nord américain à redonner les terres aux peuples amérindiens et à protéger une culture qui se perdait avec les travers de notre société : chômage, alcoolisme... Résultat, moins de délinquance, et de la richesse de partage au travers de points de rencontres dans certaines réserves. Comme quoi, les cousins peuvent être fiers d'avoir eu le courage de s'ouvrir plutôt que d'imposer... La rivalité est encore très forte entre les francophones et les anglais, deux modèles de "colonisation".

Merci à toi de m'avoir rappelé ces touchants moments, et ta référence à l'argent. Je construit mes processus en ce moment...

Si je devais aller en Amérique, j'adorerais rencontrer des indiens, ne serait ce que pour apprendre des choses avec eux, ils ont tellement de messages à nous délivrer.

Excellente question !

Si l'argent n'était pas un problème, je chercherais à augmenter la valeur ajoutée de mes échanges, de mes flux, sans chercher à profiter des autres...

Si l'argent n'était plus un problème dans notre société, il faudrait surveiller comment les rapports de forces se cristallisent entre les Etres... Le mot "Valeur" gardera toujours un caractère subjectif... Mais sans argent, l'art de l'attention, l'Ethique serait alors une préoccupation chez bien plus de personnes !!!

Alors, répondre à cette question équivaut à me poser une autre question :
quelle est la véritable valeur de l'échange entre des personnes, des Etres... qui découle sur le partage et l'exploitation raisonnable des ressources, le respect du travail de chacun, l'épanouissement personnel et collectif...
Sans problème d'argent, je serais sans doute encore plus philosophe !!!

  

L'argent un des responsables des maux actuels sur terre, si il y'en avait pas tout irait très certainement mieux mais bon il faut faire et on ne peut pas vivre ou plutôt survivre sans argent.

Je rebondis sur ce que dit Melie qui me fait penser que la vie (et donc l'argent dont on ne se passe pas)
est comme un grand jeu de Monopoly en taille réelle : chaque mois on passe par la case départ pour toucher notre salaire, notre retraite, nos indemnités, et continuer un tour, au cours du mois parfois on tombe sur des cases chances ; parfois sur les cases caisses de communauté : contravention, médecin à payer, facture d'eau, d'électricité... et on repart pour un tour ; j'aime penser que la vie est un jeu en quelque sorte... et nous jouons tous, même sans le vouloir et sans y penser au Monopoly de la vie !!!

Francesca a écrit:

 

Comment ?  si vous aviez le choix, aimeriez vous vivre votre vie ? 


Qu’aimeriez-Vous Faire de Votre Vie Si L’argent N’était Pas Un Problème ?

Pour répondre à ta question maintenant, j'aimerai beaucoup vivre avec beaucoup moins de choses, me débarrasser de l'inutile... je "lutte" au quotidien avec chewi qui est en perpétuel besoin d'amasser toutes sortes de choses matérielles... je crois que moins on s'attache aux choses et plus on est heureux, fut un temps où je roulais dans une vieille voiture, je me permettais de ne jamais la fermer à clé étant sûre que personne n'aurait envie de me la voler... ça me procurait un grand sentiment de liberté et de puissance !